La déontologie des avocats - Philippe Meysonnier


J'ai remarqué que les avocats étaient très à cheval sur leur déontologie.  Alors déjà pourquoi et surtout c'est quoi la déontologie ?

 

C'est fondamental. La déontologie c'est pour le client et ça c'est quelque chose que les gens ou le grand public a du mal à appréhender. La déontologie c'est le respect des principes, c'est avant tout pour protéger nos clients. Le grand principe de la déontologie des avocats c'est le secret professionnel. Ce secret est intangible. Ce qu'un client dit à son avocat. Ça reste dans le cabinet ou dans la conversation qu'il a avec son client. Et ce secret permet de préparer la défense du client permet de mettre en place une stratégie et ce secret permet aussi à l'avocat et au client d'appréhender son client. Même si toutes les avocates et tous les avocats d'un certain âge et d'une certaine expérience vous disent entre guillemets grosses guillemets que leur pire, le pire de leurs ennemis ce sont leurs clients, puisque parfois elles ne disent pas la vérité. Et là je parle surtout pour ceux qui font du pénal alors moi je n'ai jamais fait de pénal mais de toutes les consœurs et tous les confrères ou les amis pénalistes que je connais beaucoup vous dit cela. Et la déontologie est aussi importante parce qu'elle permet d'avoir des relations-non conflictuelles, cordiales, mais quand même chacun à sa place avec les magistrats. Avec les autres intervenants et les autres partenaires de justice. Ce qui met une protection pour l'avocat, que pour ses interlocuteurs.

 

Est-ce que la déontologie ça permet de mentir pour son client ?

 

Non. On ne ment pas pour son client, on travestit la réalité mais on ne ment pas. Il y a une différence entre le mensonge et travestir la réalité ou dépeindre des faits en prenant parti pour son client. Contrairement à ce que l'on peut penser, l'avocat ne ment pas.

 

Qu'est-ce que les enjeux pour les avocats de demain ? On voit justement aujourd'hui le lien entre le grand public et les avocats est rompu. Comment vous pensez qu'ils pourraient appréhender ça ?

 

Il faut que la profession se modernise. On assiste depuis une dizaine d'années à une vitesse phénoménale à la modernisation de la profession dans le sens où on a des plateformes de consultations juridiques par Internet. On a un accès à la connaissance juridique pour le grand public qui est beaucoup plus libre. Et ça c'est une très bonne chose. Il faut aller de l'avant, il faut que se moderniser il faut s'adapter aux nouvelles technologies aux nouveaux moyens de communication. L'avocat ne reste plus comme il l'était autrefois assis dans son bureau à attendre que les clients viennent. L'avocat va chez son client. Le client peut te joindre par tout moyen de communication, tout en respectant les principes du secret professionnel autant que faire se peut parce que ça c'est un vrai problème. Le secret parfois peut être bafoué par les nouveaux moyens technologiques et les nouveaux moyens de communication d'information. Mais c'est fondamental pour la profession d'avocat se doit d'évoluer.

 

Vous pensez que les avocats aujourd'hui en ont conscience ?

 

C'est compliqué parce que la prise de conscience c'est je pense dans une certaine la nouvelle génération. Elle est indéniable. Les nouveaux avocats entre guillemets ou les avocats qui sont un peu plus jeunes que moi ou bien plus que moi. Mais nous, notre génération les gens comme moi qui ont 56, 57 ans même si nous nous formons et nous continuons tentons de nous former aux nouveaux moyens de technologies nouvelles façons d'exercer c'est bien plus compliqué. Et puis la profession d'avocat parfois est assez réactionnaire sur son évolution. Mais ça, ça tient plus à des problèmes de politique professionnelle, qu'à l'école qui a des problèmes et des évolutions économiques. La profession d'avocat était organisée, alors vous le savez peut-être ça fera peut-être l'objet une de vos questions, entre trois grandes institutions le barreau de Paris la Conférence des bâtonniers et le Conseil national des barreaux. Et si pendant des années il y a eu une rivalité entre ces trois institutions, grâce notamment en ce moment à la présidente du Conseil national des barreaux Mme Fioraso, Ancien bâtonnier du barreau de Paris, bâtonnier de Paris, donc moi j'étais bâtonnier de Lyon, est une femme extraordinaire. Elle a su créer la mayonnaise et à faire prendre la mayonnaise entre ces trois institutions le barreau de Paris et la Conférence des bâtonniers qui ces deux entités sont aussi présidées par des gens de qualité. Ce qui fait qu'aujourd'hui ils travaillent plus main dans la main.

 

Et on voit apparaître progressivement des juges robots. Vous en pensez quoi ?

 

On peut le peut économiquement l'admettre puisque hélas les finances publiques ne sont pas dans un très bon état et que l'Etat, Les gouvernements successifs veulent faire des économies ce que l'on peut concevoir mais on ne supprimera jamais l'homme et l'être humain face à son sujet. Notamment en certaines matières où ça s'apprête plus, où le robot peut effectivement peut être pallier la présence d'un magistrat mais tout ce qui est lié aux droits des personnes, au droit pénal ou au droit de la famille, aux droits des enfants au droit des étrangers, lorsqu'il y a de l'humain véritablement en cause on ne peut pas supprimer ce lien n'est pas possible. Vous savez qu'en ce moment il y a, avec la Cour nationale du droit d'asile a un contentieux entre la profession et le gouvernement. Très rapidement il a été institué des audiences par vidéo par vidéo. Et en cette matière de droit d'asile. Quand vous avez des gens qui sont des réfugiés et qui ont besoin et qui passent devant un magistrat ils ont besoin de ce contact avec le juge ils ont besoin de s'exprimer devant un juge ils ont besoin d'avoir un interprète et on ne peut pas rendre une décision à travers une caméra avec une audience qui se tient à Paris et une petite salle d'audience à Nice ou à Lyon. Derrière une caméra pour plaider les intérêts de son client ce n'est pas possible. Il faut que ce lien humain soit fondamental.