La politique et le droit - Interview de André Soulier


Vous avez été pendant de nombreuses années dans la politique. Est ce qu'il y a un lien entre la politique et le droit ?

 

J'ai été... Quand vous êtes un garçon de milieu populaire, à l'époque. En ce qui me concerne j'ai donc 17 ans et demi. En 1951 quand je suis champion du Lyonnais junior de football, j'étais un très bon footballeur mais mieux valait à l'époque quand je vois qu'un peu plus tard Bernard Lacombe a gagné. Mieux valait poursuivre les études. J'ai très très vite été repéré par un copain de mon père qui était adjoint au maire adjoint Herriot et la politique qu'offrait ceux-ci c'était la possibilité ou bien vous alliez au Parti communiste ou alors vous alliez là ou dans votre ville, c'était trouver le pouvoir,  se conservait intellectuellement le pouvoir c'est à dire les radicaux mais les radicaux Mendès France à Paris, à Lyon la figure totémique d'Edouard Herriot, fantastique un orateur étonnant un excellent écrivain, accablé injustement parfois parce que on a oublié qu'entre 1920 et 40, Macron parle Merkel, le président du Conseil des présidents du Conseil de l'époque parlait à Hitler enfin parlait... Se demandait à quel moment ça allait mal tourner.  Salvini est Salvini. Très bien, mais enfin c'était Mussolini qui était Franco était en Espagne mais plus malin que les autres et ça n'était pas Poutine, c'était Staline qui était en Union soviétique. Donc il faut comprendre et donc à cette époque-là j'ai rencontré un certain nombre de gens et surtout on m'a présenté à Mandés France et à ses équipes et Mandés était âgée à l'époque il était né en 7. Quand je lis mes premiers contacts 54 55 il n'a que 42 ans. Il n'est âgé que de 42 ans. Je ne sais pas si vous le truc c'est. Non ! A 48 ans. Pendant 48 ans je suis déficient ce matin sur le calcul mental donc je ne demanderai pas de provision, parce que sinon je vais y ajouter un zéro je ne le retranche jamais. :)

 

Vous parlez justement de ces grands hommes politiques qui en bien ou en mal mais on fait quand même l'histoire. Vous pensez que nos hommes politiques actuels manquent un peu de panache. Quand vous comparez justement Merkel à Hitler.

 

C’est difficile quand vous avez le recul du temps. D'abord et indiscutablement le paysage matériel et l'information ont changé. C'est clair on va revenir au droit. Je vais vous expliquer à quel point tout s’est modifié. Il est évident qu’il portait une tradition et notamment ceux qui étaient là dans les années 50 au lendemain de la guerre. Certains s'étaient déjà trouvé entre 20 et 40 Herriot par exemple, le poids de la guerre ou le poids des différends la violence, le poids des grandes dictatures car l'Union soviétique régnait sur une grande partie de l'Europe. La Chine se mettait en mouvement à la fin des années 40 50, avec Mao Zedong donc l'Empire britannique avait explosé.

 

 L'Inde était devenue indépendante. C'était un phénomène étonnant notre pays la France. La France qui avait été une puissance coloniale exceptionnelle détestée par les Allemands qui avaient été chassés à coups de canons avant la guerre de 1914 du Maroc par exemple. La fameuse histoire de la canonnière. C'est un monde qui est incomparable par rapport à celui d'aujourd'hui. Deux guerres mondiales venaient de s'achever. Et là il s'est passé quelque chose d'important. Je saute presque du coq à l'âne encore que je n’aie pas du tout l'intention de le faire, c'est que j'arrive ces années 50, début des années 50. C'est formidable. On a inventé après l'échec de la Société des Nations l'Organisation des Nations unies. On a mis cinq puissances qui le demeurent aujourd'hui avec un droit de veto au Conseil de sécurité s'est produit quelque chose d'incroyable à l'époque. C'est Hiroshima et Nagasaki et nous le savons encore aujourd'hui si la paix régnait et si les chefs d'Etats et de gouvernement n'ont pas dégainé l'arme nucléaire depuis, finie, c'est parce qu'ils savaient que l'apocalypse était possible. Mais une apocalypse qui n'aurait pas cédé la place à un monde nouveau. C'est à dire que c'était l'anéantissement et j'ai vécu tout ça. Et à ce moment-là l'enseignement du droit moi je l'ai ressenti comme ça. Venant de milieu simple ça ne veut pas dire milieu intelligent. Mais des gens modestes ne portaient pas de gilet jaune en portaient ces idées alors qu'aujourd'hui on porte je ne sais quoi... le droit le droit le droit. La seule manière de faire régner la paix ou de tenter d'enrayer la guerre ou de la faire cesser, c'était l'application du droit. Ça n'est pas rien. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale on est inventé, de facto des jurés. Ensuite le tribunal de Nuremberg sur les crimes contre l'humanité on voit d'ailleurs la difficulté qu'il y a à reproduire tout ça. Il y a le droit le droit le droit

 

 Et le procès de Nuremberg, ça a été bien fait dans la procédure pénale. Ça a été un peu bâclé ?

 

 Oui il y avait d'abord un, C'était une première. C'est la première fois que des puissances qui avaient gagné alors on disait le droit des vainqueurs. Edgar Faure m'avait raconté ça. Edgar Faure faisait partie des sept hommes éblouissants a beaucoup d'égards était à Nuremberg et saisissement pour les hauts dignitaires allemands et ceux qui avaient coopéré à cette monstruosité, qui avait suivi Hitler qui devait avoir le pouvoir saisissant et fascinant sur les autres pour entraîner tout le monde dans une pareille catastrophe. Plus qu'une hécatombe un génocide disait-il porter la main devant leurs yeux quand on fait défiler des films sur ce qu'on avait découvert dans les camps de concentration. Et tous ces morts. Et pourquoi ? Parce qu'il était juif je ne suis pas juif sauf là. Là je suis juif donc c'est ça le grand changement. Pour le reste la procédure méritait peut-être d'être affinée sur tel ou tel point, ils ont pu parler et ils ont eu le temps de s'expliquer ce qu'ils n'ont pas laissé à leurs victimes, eux les bourreaux