Les leçons de maître Meysonnier - interview de Philippe Meysonnier


Il y a beaucoup de jeunes justement qui veulent embrasser la profession d'avocat. Vous avez des conseils à leur donner ?

 

Alors je crois qu'il y a pas mal de jeunes qui sont encore attirés par la profession d'avocat. Mais lorsque l'on regarde les statistiques de l'école de l'EDARA l'Ecole des avocats de la région Rhône-Alpes. Je crois mais je ne crois pas que je suis même certain qu'il y a dans les 5 ans qui vont suivre la prestation de serment. Cent des avocats des jeunes avocats qui ont quitté la profession parce que justement ils s'aperçoivent. Au début qu'on comparativement aux efforts qu'ils ont pu faire aux efforts que leurs familles ont fait pour eux pour leur permettre d'accéder à cette profession eh bien ils bossent comme des dingues.  Ils n’ont pas des statuts bien agréables parce qu'un avocat collaborateur dans un gros cabinet n'est pas fatalement une place enviable c'est corvéable à merci et ils sont assez déçus de la profession.

 

C'est compliqué aujourd'hui de monter son propre cabinet ?

 

La loi vous permet maintenant de mettre une plaque avant il y avait un stage obligatoire il y a plus de stage vous pouvez dès que vous avez réussi le Capa et sorti des écoles des avocats laisser votre plaque. Mais effectivement c'est compliqué parce qu'il faut avoir un peu de lobbying un peu d'entre gens un peu de recommandation un peu d'expérience et c'est pour ça que beaucoup des jeunes avocats passent par certains cabinets d'une certaine taille et qu'au bout d'un certain laps de temps ils quittent la position de collaborateur salarié ou libéral pour monter leur propre atelier ça leur fait un terreau de clients qui leur permet de se lancer.

Si vous deviez donner une seule leçon de droit ça serait laquelle ?

 

Dans quel sens pour la profession ? 

 

Non pas pour la profession c'est plus pour justement. On a beaucoup d'auditeurs qui sont des étudiants en droit. Si vous deviez leur donner. Un quelque chose de fondamental il faut qu'ils retiennent ça serait quoi.

 

L'indépendance. L'indépendance d'esprit. Et l'indépendance. Parce que je pense que quelqu'un qui est indépendant. On ne trouve pas dans le système. Il a suffisamment de recul pour le critiquer. Ou y adhérer. C'est comme lorsqu'on étudie de mémoire toutes les théories juridiques des différents penseurs la doctrine ou les grands principes du droit avoir du recul par rapport à ce que l'on apprend. C'est à mon avis enrichissant et ça permet. D'avoir une liberté d'esprit une liberté d'interprétation une liberté d'appréciation et une liberté intellectuelle. Ça c'est fondamental. La liberté intellectuelle. Il Vaut mieux être libre être enfermer. Et vivre libre plutôt que vivre sous un jour quel qu'il soit.

 

Alors on a eu quelques questions des internautes et il y a deux questions qui revenaient souvent. La question qui revient souvent c'est Pensez-vous qu'il existe deux justices. La justice des pauvres et la justice des riches ?

 

 Non. Contrairement à ce que l'on peut penser évidemment souvent l'histoire de Carlos Ghosn a touché tous ces sujets. On a aussi. À travers ces sujets un conflit ou du moins une opposition entre le droit français ou le droit continental et par exemple le droit japonais où on a le droit de vous mettre en détention provisoire pendant trois semaines. Ce qu'il ne se passe pas chez nous mais il n'y a pas de je pense que les magistrats qui appréhendent ou qui rendent les décisions y rendent les décisions de la même façon. Que vous soyez riche ou pauvre. La seule différence c'est qu'effectivement les délits ne sont pas les mêmes où les infractions ne sont pas les mêmes où les problèmes ne sont pas les mêmes. Quand vous êtes le président de Renault et qu'on vous dit que vous avez dit que vous avez détourné plusieurs dizaines de millions d'euros et que vous êtes quelqu'un qui avait commis une infraction pénale au sein de l'entreprise en détournant 150 euros. On a l'impression qu'il y a une justice de pauvres et de riches. Mais le délit est le même. À partir d'un euro détourné. L'infraction est commise.

 

Quand on détourne plusieurs millions ça doit être assez compliqué. Est-ce que c'est nous qui détournant les millions ou ce sont les avocats ?

 

 Ce n’est pas l'avocat, l'avocat n'est pas complice. On parle de M. Ghosn. Je ne connais pas le dossier donc je ne vais pas me permettre de dire des choses que je ne connais pas et surtout beaucoup de sottises. Mais quand on est chef d'entreprise on prend ses décisions. Après on peut se reposer sur certaines personnes et on peut se reposer sur certains collaborateurs mais la décision c'est la personne elle-même qui apprend.

 

Vous disiez justement que les juges rendent des décisions identiques qu'on soit riche ou pauvre. Qu'est-ce que vous pensez des médias et des individus qui sont hors de la sphère juridique et qui jouent le rôle d'une chambre d'instruction par exemple les lanceurs d'alerte ?

 

On a besoin d'air on a besoin de gens comme ça pour justement faire avancer la société pour faire avancer les mentalités pour faire avancer le législateur pour s'adapter à l'évolution de la société dans laquelle on vit et au monde dans lequel on vit.

 

Vous pensez que c'est comme des bénévoles de la justice ?

 

 Oui sont des supermans de la Justice, des Batman de la justice. Mais il en faut. Mais il faut quand même encadrer. Il faut quand même encadrer leurs fonctions me semble-t-il. Parce. Qu'après. Tout et n'importe quoi peut être dit sur tout et n'importe qui.  On frise la calomnie. Mais je trouve que ce sont des gens qui font un très bon boulot.

 

Très bien merci beaucoup de nous avoir accordé cette interview.