Interprofessionnelle, déontologie et avenir des avocats


On entend beaucoup parler en ce moment. C'est quoi interprofessionnalité ?

 

C'est un phénomène assez complexe qui regroupe trois professions les experts comptables les notaires et les avocats. Le droit est devenu très complexe et on a besoin de ces spécialités qui sont complémentaires qui nous permettent d'appréhender toutes les facettes d'un dossier. L'avocat a besoin du notaire pour les conséquences sur certaines conséquences patrimoniales ou en matière successorale, dans la gestion d'un patrimoine. On a besoin d'experts comptables pour définir les incidences fiscales ou sociales d'un dossier. Et l'avocat on est tous en quelque sorte chef d'orchestre et on dispatcher les compétences pour trouver le meilleur spécialiste qui réponde à la demande du client.

 

Vous pensez que c'est l'avenir des avocats?

 

C'est indispensable puisque on se heurte à une société qui est de plus en plus complexe au niveau législatif. Les lois se multiplient tous les jours. à tel point qu'avant disait un avocat fiscaliste je vais vous donner l'exemple. L'avocat fiscaliste avant faisait tout le droit fiscal. Aujourd'hui dans les cabinets d'avocats fiscalistes vous avez des avocats qui sont spécialisés en droit impôt sur les sociétés en matière de TVA. Chaque matière fiscale donne lieu à une spécialité tellement la loi devient de plus en plus complexe. La législation. C'est un adage qui aujourd'hui ne peut décemment ne peut plus s'appliquer.  L'avocat a une obligation de conseil donc il doit conseiller ses clients au mieux s'il ne sait pas il doit le dire et renvoyé vers un spécialiste. Mais très franchement on découvre même les avocats spécialisés se heurtent tous les jours à des difficultés parce que connaître la loi c'est quasiment impossible. Il faut avoir le réflexe de chercher la source mais on ne peut pas connaître toutes les dispositions législatives ou réglementaires notamment avec les dispositions européennes qui s'appliquent sur le droit français.

 

Vous avez envoyé une lettre ouverte à Damien Bry Damien Dreux le président de l'Ordre des Experts Comptables après qu'il ait revendiqué la compétence des experts comptables en matière sociale. Vous pensez qu'il y a des risques que les experts comptables empiètent sur la profession d’avocat ?

 

Non c'est une vieille histoire qui a été réglée il y a une parole malheureuse du président de l'Ordre des experts comptables qui avait dit que les avocats devaient se cantonner au secteur judiciaire du droit social. Alors que notamment à Lyon nous avons des avocats spécialisés des cabinets spécialisés en droit social qui font du conseil qui ne font quasiment que du conseil en droit social et les experts comptables se sont également mis sur le marché.  Et ont embauché des juristes qui font du droit social. Mais j'expliquais qu'il fallait que chacun exerce son métier et fasse ce qu'il sait faire. Parce qu'il ne suffit pas d'embaucher des collaborateurs pour maîtriser une matière. Si vous ne connaissez pas la matière vous ne pourrez pas corriger ce que fait votre collaborateur. Mais l'incident a été dépassé. Il n'y a aucune difficulté là-dessus et on continue à travailler ensemble dans le cadre de cette fameuse interprofessionnelle.

 

Alors pourquoi les avocats sont-ils autant à cheval sur leur déontologie. Et surtout c'est quoi la déontologie?

 

La déontologie c'est le fondement de notre profession. Ce sont des règles écrites ou non écrites mais qui sont essentiellement écrites. Qui font que nous devons respecter certains principes sur lesquels on ne peut pas transiger. C'est la loyauté envers son client. C'est le principe du secret professionnel. Le client doit pouvoir tout nous raconter et on est gardien de ses secrets. Le secret professionnel constitue l'un des fondements de la société de droit. Une personne qui est mise en examen qui est poursuivie doit pouvoir tout dire à son avocat et à son avocat de choisir le système de défense en accord avec son client.  Donc on a des principes en matière de déontologie qui sont le principe du contradictoire. On doit respecter c'est d'ailleurs inscrit dans le code de procédure civile. On doit pouvoir on doit tout communiquer on doit tout échanger avec son adversaire mais on doit respecter la loyauté du débat ou du combat judiciaire.

 

Vous pensez que c'est quoi les enjeux de l'avocat de demain aujourd'hui il y a la publicité des avocats. Internet et des légal tech?

 

Alors l'avocat de demain doit s'adapter à tous ces enjeux et doit conserver la maîtrise. L'avocat ça va être on va dire le gardien de la stratégie parce que l'intelligence artificielle ne fera pas tout. Il faudra toujours qu'il y ait un regard humain. L'intelligence artificielle est fondée sur le passé jusqu'à présent puisqu'on n'est pas au plus haut niveau de l'intelligence artificielle. Actuellement l'intelligence artificielle on dit que c'est l'avenir mais c'est quand même quelque chose qui est fondé sur le passé. Un revirement de jurisprudence ne va pas se faire avec une machine c'est l'avocat qui par ses recherches par son intelligence et par son savoir-faire va apporter quelque chose de plus.  Qui fait que le juge va dire finalement qu'on va changer. On va juger autre chose. Pour le moment la machine ne le fait pas elle va le faire je pense dans quelques années. Et l'avocat gardera la maîtrise s'il connaît parfaitement le fonctionnement de ces machines. C'est pour ça que les nouveaux étudiants les nouveaux avocats. Devront quasiment savoir coder savoir déchiffrer. Et s'imprégner totalement de cette matière. Pour le moment. Jusqu'à présent ne prenez pas en fac mais demain il faut que les avocats fassent de l'informatique et que ce soit une deuxième deuxième langue maternelle.

Extrait de l'interview de Maître Farid Hamel Bâtonnier de Lyon. 

Lien vers la vidéo : Farid Hamel