Le droit des affaires est-il humain ? - Interview de Philippe Meysonnier


Vous avez choisi justement le droit des affaires. Ce n’est justement pas un droit qui a trait à l'humain. Ça consiste en quoi le droit des affaires et pourquoi vous avez choisi ça ?

 

Parce que d'abord j'étais au conseil juridique et que je voulais faire du droit des sociétés, parce que le droit des sociétés a toujours été quelque chose qui m'intéressait et que je n'avais pas les qualités pour être un pénaliste. Donc je me suis beaucoup plus épanouie en raison du droit des sociétés en rencontrant des chefs d'entreprise en disons entre guillemets de ce qu'on peut appeler du droit des affaires au sens large que du droit que du droit des personnes.

 

Il y a de l'humain aussi dans le droit des sociétés ?

 

Il y a énormément d'humains contrairement à ce que l'on peut penser quand on a un petit artisan commerçant hélas qui dépose le bilan qu'il a signé des cautions qu'il est marié qu'il a des enfants qu'il ait une maison à rembourser et qu'il vient à plier comme on dit régulièrement les gaules. Eh bien là il y a de l'humain. L'avocat est là pour l'aider. L'avocat est là pour le conseiller lui trouver la meilleure des solutions essayer de faire le dégager de ces cautions et essayer de trouver des solutions pour qu'il puisse rebondir. Et là il y a de l'humain alors ce n’est pas l'humain au sens large que l'on peut connaître que l'on peut imaginer dans le pénal, dans le droit de la famille mais c'est une forme d'humain qui aujourd'hui conclut avec la dureté du monde et de la société dans laquelle on vit qui a une grande présence. Le droit justement de parler de la dureté de cette société et ce qu'il représente une civilisation à un instant T. Il représente la civilisation dans laquelle on vit et où tout va très vite où l'argent devient roi et ça personnellement ce n’est pas quelque chose à laquelle j'adhère mais on est obligé on est dans cette société on est bien obligés d'y participer et de faire ce que peut. 

 

On peut penser justement que l'inflation législative est en lien avec cette société qui va trop vite et qui ne prend pas forcément le temps de voir sur du long terme.

 

Je suis tout à fait d'accord avec vous ça c'est certain. L'inflation législative c'est une très mauvaise chose. On ferait bien de nettoyer un peu parfois nos différents Codes, on a toujours eu cet exemple d'un confrère qui un jour prenait un code Dalloz de droit social des années 70 ou 80 qui était comme ça et quand vous prenez le même code il est à cette taille là il a été multiplié par 3 ou 4. Donc l'inflation législative est manifestement évidente et je suis intimement convaincu, je suis je n'ai jamais été un grand un très bon juriste mais je suis intimement convaincu de dépoussiérer un peu tous ces codes on arriverait à faciliter la vie des concitoyens et la vie du droit en France.

 

On dit que nul n'est censé ignorer le droit. Mais que justement avec cette inflation on peut connaître le droit aujourd'hui.

 

Nul n'est censé ignorer la loi. C'est le seul principe mais c'est vrai que c'est très compliqué. On ne peut pas demander à tous les citoyens de connaître tous les textes même bien les professionnels eux-mêmes ne les connaissent pas tous puisque la preuve passe nos journées dans les codes ou dans les ou sur les sites internet pour aller chercher un texte de loi ou un règlement ou une directive notamment avec l'inflation européenne et qui iront plus s'empiler sur les textes ça devient de plus en plus compliqué.

 

On va parler de l'Union européenne. Qu'est-ce que vous pensez du fait que l'Union européenne peut bloquer des fusions acquisitions ce qui est vraiment votre domaine. On a par exemple Alstom Siemens ou l'exemple Ryanair Air Lingus. Ou l'Union européenne se positionne en droit des sociétés en disant qu'elle refuse je présume.

 

Je ne suis actuellement pas spécialisé en droit européen avec ce type de dossier, je suis dossiers bien plus simples mon cher monsieur. Je n'appartiens pas à ces gros cabinets Anglo saxons qui côtoient le droit boursier et ces fusions acquisitions. Vous parlez ça, ça peut se concevoir pour préserver les intérêts économiques de chacun des pays. Cela peut se concevoir aussi pour préserver l'emploi non seulement ces pays-là. Et sur cet aspect-là sur l'aspect de la préservation de l'emploi et du maintien du travail dans les différents pays composant la Communauté économique européenne, L'Europe au sens large c'est tout à fait admissible mais les connotations boursières ou financières j'avoue que là ça me dépasse un peu.